- Mon coeur ? Réveille-toi poussin, j’aimerai passer du temps avec toi.
Et ainsi Moi émerge du néant, et ainsi Moi renaît à la vie.
Ses paupières papillonnent tandis qu’il cligne plusieurs fois des yeux, avant d’abandonner et les refermer dans un gémissement –à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’un grognement ? Peu importe, en réalité, peu importe car ce n’est que la protestation d’un gosse qui refuse de se réveiller.
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Je ne suis pas un poussin. Il a la voix embourbée encore de sommeil mais aussi plus revêche, plus autoritaire presque, que celle dont les Perlais ont l’habitude.
Son esprit aussi est embrumé encore des restes de sa nuit alors il attend, paresseusement, il attend que le flou se dissipe et que le contexte se fasse clair.
De longs moments s’écoulent, de longs moments de silence et d’attente et de calme qui s’efface progressivement car non, non, décidément, rien ne revient ; brutalement il s’assied dans le lit, brutalement il est totalement réveillé.
Dans ses yeux écarquillés, la clarté d’un nouveau-né.
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Je, je… je suis désolé je ne me souviens pas… Moi bredouille ça à mi-voix, péniblement, et d’un geste tremblant il se frotte les tempes comme si cela pouvait l’aider.
Confusion, confusion –panique.
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Je suis désolé, je suis désolé, je --Il est désolé.
Il fixe celle dont les mots l’ont fait naître ce matin, la fixe en espérant qu’elle finisse par lui évoquer
quelque chose, le premier
quelque chose pour débloquer tout le reste et ferme les yeux avec dépit (brutalement) quand ça ne fonctionne pas.
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Je ne sais pas, je… ne sais rien. Moi ne sait pas encore qu’il sait tout et ne voit que ce qu’il ne sait plus.
Même s’il reste sûr de ne pas être un poussin.