jour 85 // la fuite est l'apanage des faibles

LA FUITE EST L'APANAGE DES FAIBLES
( jour 85 + sorcière )


Elle s’était assise en tailleur devant l’entrée de la caverne, les joues appuyés sur ses paumes de main. Firenze s’impatientait, se balançant pour essayer d’évacuer sa frustration. La fraîcheur du sol l’aidait à oublier la température qui avait monté subitement. Malgré qu’elle soit arrivée à La Perle depuis plusieurs semaines, elle avait toujours du mal à s’habituer à la température, persuadée qu’elle finirait par mourir de déshydratation.

Mare nostrum et sa fraîcheur lui manquait. La chaleur était telle qu’elle refusa de rejoindre le local qu’elle occupait au fond de la caverne où l’humidité avait commencé à attaquer sévèrement ses cheveux. La chouette - elle - s’était endormie dès suite de la chaleur, la diseuse de bonne aventure l’enviait presque. Mais elle ne pouvait pas dormir, pas maintenant.

Ses yeux marrons s’attardaient sur tous les trésors présents sous la tente, ne se lassant jamais d’observer chaque forme et couleur. Elle jeta toujours un oeil à l’entrée, dans l’espoir que sa livraison finisse enfin par arrivée pour pouvoir aller faire sa sieste. L’apothicaire l’avait prévenu lors de sa commande que le livreur serait une personne différente et elle avait acquiescé sans sourciller. Tout ce qui lui importait était sa commande et son contenu. Elle ne fit pas attention aux regards qui croisaient le sien au sol quand des personnes traversaient le bazar et passait devant la caverne.

Firenze aurait pu aller directement chez l’apothicaire mais l’idée même d’y aller sous ce soleil l’en dissuada. Alors elle attendait. L’apothicaire avait toujours été très précis sur ses dates de livraison, s’en vantant même, et en regardant le sablier, elle savait que le livreur devait arriver bientôt avec ces cataplasmes et son somnifère. D’un coup, la voyante se redressa et finit par faire des allés retours entre les étalages quand elle sentit un courant d’air qui essaya de pénétrer dans la caverne. Elle regretta son éventail, retrouver brûlé après une de ses prédictions. Banal donc. Elle cligna des yeux, complètement passive face à sa propre situation parce que bon, que pouvait-elle faire ? C’était donnant donnant, rien dans ce monde n’était gratuit.

Cette pensée la quitta quand elle entendit des pas qui ralentirent devant la caverne pour ensuite rentrer. Une voix féminine s’éleva sous la tente. Firenze se retourna, le sourire aux lèvres et ses yeux posés sur le colis entre ses mains, elle partit saluer la livreuse. Entrez, je vous attendais.