Dis Papa, est-ce que tu peux me dire pourquoi tu fais tout ça ? Il y a forcément une raison n'est-ce pas ?
Parce que moi, j'ai peur. Je souffre. Mais tu ne t'en occupes pas.
Dis Papa, pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu m'aimais ?
Parce que moi, je t'aimerai à tout jamais.
Il n'y a pas besoin de mots, pour comprendre que je suis de trop. J'ai bien souvent senti la froideur du carrelage sur mon visage, que j'en ai compris le message. Des ecchymoses, des os brisés, tout cela j'ai pu te le pardonner. Quand à l'école on me demandait ce que j'avais fait, je me contentais de hausser mes épaules bleutées. Même toi, Maman, je ne t'en veux pas de n'avoir rien fait pendant que tu buvais ton café. Je m'en vais, j'ai bien trop pleuré. Sache Papa que je suis profondément désolée d'avoir existé et d'avoir perturbé le foyer.
Zoé.
Zoé du haut de ses douze ans ne connaît pas vraiment le monde qui l'entoure, elle a toujours été perdue dans ceux qu'elle créait lorsqu'elle lisait des livres ou qu'elle écrivait. Pourtant Zoé a beaucoup souffert, elle a peut-être pris conscience trop rapidement de la dureté de la vie. Elle écrit pour oublier, pour voyager, pour sourire et rêver.
Zoé rédige une lettre qu'elle dépose au bout de son lit et prépare son petit sac-à-dos sans oublier son carnet, son crayon et quelques livres. Parce que Zoé, pleine de naïveté, va partir. Elle souhaite s'en aller loin d'ici afin de ne plus être ce fardeau que porte ses parents.
Il fait noir, trop noir, Zoé a peur mais elle sait qu'elle ne doit plus être ici. Elle descend doucement les escaliers tandis que la maison est plongée dans l'obscurité puis finit par sortir. Elle prend une profonde inspiration, elle ne sait pas où mais elle sent qu'une vie meilleure l'attend quelque part. Zoé lève la tête vers le ciel, elle a toujours aimé ça, les étoiles. Un léger sourire se forme, elle est prête à partir, à fuir.
La nuit l'effraie alors la petite avance en suivant la lumière des lampadaires. Elle a l'esprit remplit d'affirmations positives et d'idées colorées ce qui lui permet d'avoir confiance en elle et de se sentir bien. Mais Zoé fait une drôle de découverte, elle marche sur une enveloppe où son prénom est apposé. Intriguée, elle l'ouvre.
Un... Vœu ? Zoé y croit. Elle veut y croire. Elle veut que son papa l'aime, elle veut retourner à la maison et voir qu'elle lui a manqué, qu'il s'est inquiété pour elle. Des larmes perlent sur ses joues, non pas de tristesse mais de joie cette fois. Zoé fait une légère rotation et remarque qu'elle se trouve déjà à la bonne adresse – heureusement parce que sinon elle ne savait pas comment y aller.
Zoé ne réfléchit pas. Elle ferme les yeux un instant et, serrant la lettre contre sa poitrine, elle s'engouffre dans cet halo de lumière que dissimulait la porte.
« Papa, je t'aime. »